Colliot Pascale

La perception et la construction de l'espace s'effectuent à partir d'informations redondantes que l'on appelle référentiels spatiaux. En fonction du contexte et de la sensibilité spécifique de chaque individu, ces référentiels spatiaux peuvent se substituer les uns aux autres (notion de vicariance). Ce choix inconscient qu'opére le sujet pour un référentiel donné, varie d'une condition spatiale à l'autre et serait à l'origine d'une importante variabilité interindividuelle. Les travaux de recherche consistent essentiellement à étudier l'effet des modifications visuo-posturales (déviation du regard, rotation du tronc) et perceptivo-motrices (modalité sensorielle, sens de l'exploration, pointage décalé) sur les asymétries spatiales observées à la fois chez les sujets sains et les patients cérébro-lésés. L'intérêt est double car il s'agit non seulement de s'interroger sur les processus cognitifs impliqués dans la perception et dans l'organisation de l'espace, mais également de mieux appréhender les dysfonctionnements de la cognition spatile consécutifs à une lésion cérébrale et notamment ceux observés dans la négligence spatiale unilatérale.

Les travaux de recherche portent sur l' hyppothèse référentielle de la NSU qui présente l'avantage d'admettre un dénominateur commun à la multiplicité et à la complexité des différentes manifestations de la négligence. Alors que chez les sujets sains la position de la référence égocentrique (centrée sur le corps) serait superposée au milieu sagittal corporel, chez les patients négligents gauche cette référence serait déviée du côté droit ipsilésionnel et à l'origine des troubles. Ainsi, la déviation ipsilésionnelle de la référence égocentrique serait la cause de la NSU. Les implications d'une telle hypothèse sont nombreuses et l'objectif consiste ici à vérifier chacune d'elles. Grace à un va et vient permanent entre l'étude des sujets sains et celle des patients cérébro-lésés, ces travaux permettent d'une part de progresser dans notre connaissance de la NSU, et plus particulièrement de mieux appréhender le lien existant entre les différentes manifestations de la négligence et la position du référentiel égocentrique, et d'autre part de mieux comprendre les mécanismes de la cognition spatiale à l'état normal. Situées à l'interface entre la psychologie cognitive et la neuropsychologie, ces études présentent également un intérêt pour la prise en charge et la rééducation des patients négligents.

Alors que depuis quelques années, l'hypothèse référentielle apparait contreversée (résultats de la littérature et travaux de recherche personnels), la NSU continue à être définie dans un cadre attentionnel et/ou représentationnel. Afin de mieux appréhender le rôle des mécanismes attentionnels dans la NSU, les travaux réalisés consistent :

• d'une part à étudier, chez les sujets sains, le lien entre les mécanises de l'attention sélective, l'inhibition de retour et la spécialisation hémisphérique. L'inhibition de retour a pour but de ne pas favoriser trop longtemps un endroit de l'espace et s'avère être un processus nécessaire à l'exploration visuelle spatiale. Par ailleurs, les mécanismes de l'attention sélective serait préférentiellement traités par l'hémisphère gauche. L'objectif consiste à vérifier si la spécialisation hémisphérique pour l'attention sélective peut influencer l'inhibition de retour. La méthode consiste en une tâche de temps de réaction à une cible visuelle présentée en champs visuels divisés, seule ou parmi des distracteurs.
• d'autre part à déterminer, chez les patients négligents gauche, quel est le rôle de la vision sur la présence et/ou l'ampleur des biais spatiaux. Un lien complexe existe entre la vision et la NSU. Premièrement, la NSU n'est pas un déficit sensoriel élémentaire, elle ne s'accompagne pas nécessairement d'un déficit visuel et les troubles existent dans d'autres modalités sensorielles. Par ailleurs, ce caractère supramodal de la négligence demeure en contradiction avec le fait que les signes de NSU sont souvent beaucoup plus sévères et plus durables dans la modalité visuelle que dans les autres modalités. La suppression du feed back visuel peut-elle diminuer et même supprimer les signes de NSU ? La méthode consiste ici à comparer, chez les patients négligents gauche, leurs performances yeux ouverts (en présence d'un champ visuel ambiant) et yeux fermés (suppression du feed-back visuel) dans différentes tâches de représentations spatiales (dessins de mémoire, bissection tactilo-kinesthésique de baguettes et pointage droit devant).

La conduite automobile constitue une activité très complexe caractérisée par un nombre très important d'informations à traiter simultanément (la vitesse, la trajectoire, les autres automobilistes, l'environnement changeant etc.) et par la rapidité avec laquelle ces informations doivent être traitées. Lors de la conduite automobile, la charge attentionnelle est donc très importante et à ce titre, les processus attentionnels mis en jeu sont considérables (alerte, attention soutenue, sélectivité, inhibition, attention divisée?). 
Ces processus attentionnels sont par ailleurs très vulnérables : ils apparaissent moins efficients lorsque l'individu est en privation de sommeil (Drummond et al., 2001); ils déclinent avec l'âge (Hartley, 1992) et sont encore plus fortement altérés quand survient une lésion cérébrale, particulièrement après un traumatisme cranio-cérébral (TC) (Azouvi et al, 1998). D'ailleurs, en France on considère que 33% des accidents de la route sont dus à un défaut d'attention (Chapon, 2006).
Après un TC, les perturbations de l'attention sont fréquentes, elles constituent une plainte importante et elles persistent souvent à distance de la lésion (Van Zomeren et Van Den Burg, 1985 ; Whyte et al, 1995 ; Azouvi et al, 2004). Même lorsqu'ils sont devenus discrets, les troubles de l'attention présents chez ces patients, sont souvent lourds de conséquences dans de nombreuses activités complexes de la vie quotidienne et notamment en conduite. Comparée à la population générale, une personne ayant subi un TC sévère a un risque 2,3 fois plus élevé d'avoir un accident de la route (Formisano et al, 2005). Toutefois, les évaluations neuropsychologiques classiques ne permettent pas toujours de mettre en évidence ces troubles modérés de l'attention et bien souvent les performances attentionnelles sont normalisées lors du bilan alors que les patients continuent à se plaindre (Brouwer et Whitaar, 1997). 

•  L'objectif de mes travaux de recherche se situe dans une problématique de sécurité routière. Il s'agit de développer des outils visant à isoler les différentes composantes attentionnelles impliquées en conduite et vulnérables à la survenue d'une lésion. 
• Il s'agit également d'analyser l'efficience de ces composantes en fonction de la charge attentionnelle, et à révéler des difficultés spécifiques qui pourraient être impliquées en situation réelle de conduite et responsables d'insécurité au volant. 
• L'objectif finale consiste à mieux comprendre les difficultés attentionnelles résiduelles des patients TC, afin de mieux les diagnostiquer, les prendre en charge et ainsi prévenir les risques d'accidents.

• 2002 : Doctorat en Psychologie Cognitive sous la direction du Pr. T.Ohlmann et du Dr S.Chokron, Université Pierre Mendès France Grenoble 2
   
• 2001 : DESS de Psychologie Clinique et Pathologique : Neuropsychologie, Université René Descartes Paris V
   
• 2001 : Titre de Psychologue spécialisé en Neuropsychologie
   
• 1996 : DEA de Psychologie Expérimentale, Cognitive et Sociale, Université Pierre Mendès France Grenoble 2

• 2004-prés : Maîtresse de Conférences en Sciences Cognitives, Institut de Psychologie, Université Lumière Lyon 2
   
• 2004-prés : Membre du Laboratoire d'Etude des Mécanismes Cognitifs (Équipe "mécanismes visuels"), Université Lumière Lyon 2
   
• 2002-2004 : Neuropsychologue (plein temps), Unité de Pathologie Cérébrale, CMPR de Coubert (Seine et Marne)
   
• 1995-2003 : Membre du Laboratoire de Psychologie et Neurocognition (Équipe "Espace, Action, Perception "), Université Pierre Mendès France Grenoble 2

• Depuis 2016 : Directrice du Département de Psychologie Cogntive, Sciences Cognitives et Neuropsychologie - Institut de Psychologie - Université Lyon 2
   
• Depuis 2016  et 2005 - 2010 : Membre élue du Conseil de L'institut de Psychologie - Université Lumière Lyon 2
   
• Depuis 2016 : Responsable de la validation des stages professionnels permettant l'obtention du titre de Psychologie pour le Master Mention Psychologie - Université Lumière Lyon 2
   
• Depuis 2007 : Membre de la commission pédagogique Licence et Master - Institut de Psychologie - Université Lumière Lyon 2
   
• Depuis 2009 : Membre du Groupe d'Experts Internes (GEI) section 16 et 72 - Université Lumière Lyon 2
   
• Depuis 2007 : Créatrice et responsable du Master 2 Professionnel de Neuropsychologie - Université Lumière Lyon 2
   
• Depuis 2005 : Responsable de toutes les unités d'enseignement de Neuropsychologie (niveau L1, L2, L3, M1 et M2) - Université Lumière Lyon 2
   
• 2008 - 2015 : Responsable du Master 2 Recherche Neuropsychologie et Neurosciences Cliniques - Université Lumière Lyon 2 (Formation Nationale en co-habilitation avec les Universités de Grenoble 2 et Toulouse 3)
   
• 2005 - 2008 : Responsable 1re année de licence de Sciences Cognitives - Université Lumière Lyon 2
   
• 2005 et 2012 : Présidente de Jury de Baccalauréat - Lycée Général et Technologique Edgar Quinet - 01 Bourg-en-Bresse

Michael G.A., Masson M., Bacon E., Desert J.-F., Rhein F., Foubert L., Offerlin-Meyer I., Colliot P. (2015). Disturbances of selective attention in traumatic brain injury and schizophrenia : what's common and what's different ? Psychologie Française, 60 : 387-402.

Masson M., Michael G., Desert F., Rhein F., Foubert L., Colliot P. (2013). Specific attention disorders in drivers with traumatic brain injury. Brain Injury, 27(5):538-47

Eusop-Roussel E., Colliot P. (2013). L'évaluation neuropsychologique chez l'adulte. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Kinésithérapie-Médecine physique-Réadaptation, 1283-0887(13) : 62266-5

Colliot P., Chokron S., Bartolomeo P. (2007). L'attention spatiale dans la Négligence Spatiale Unilatérale. In G.A. Michael (Coord.). Neuroscience Cognitive de l'Attention Visuelle, Marseille : Solal, pp. 113-138.

Eusop-Roussel E., Rhein F., Vassel P., Colliot P. (2006). Évaluation des fonctions supérieures. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Kinésithérapie-Médecine physique-Réadaptation, 1283-0887(06) : 43871-8

Chokron S., Colliot P., Atzeni T., Bartolomeo P., Ohlmann T. (2004). Active versus passive proprioceptive straight-ahead pointing in normal subjects. Brain and Cognition, 55 : 290-294. 

Chokron S., Colliot P., Bartolomeo P. (2004). The role of vision in spatial representation. Cortex, 40 : 281-290.

Chokron S., Bartolomeo P., Colliot P., Brickman A.M., Tabert M., Wei T., Buchsbaum M.S. (2003). Selective attention, inhibition for repeated events and hemispheric specialisation. Brain and Cognition, 53 : 158-61.

Chokron S., Colliot P., Bartolomeo P., Rhein F., Eusop E., Vassel, P., Ohlmann T. (2002). Visual, propriocpetive and tactile performance in left neglect patients. Neuropsychologia, 40(12) : 1365-76.

Colliot P., Chokron S., Ohlmann T. (2002). Is there an effect of handedness on the position of the egocentric reference ? Brain and Cognition, 48 : 318-23.

Chokron S., Bartolomeo P., Colliot P., Auclair L. (2002). Effect of gaze orientation on tactilo-kinesthetic peformance. Brain and Cognition, 48 : 312-17.

Colliot P., Ohlmann T., Chokron S. (2001). Position of the egocentric reference and performance in line bisection and subjective vertical estimation tasks. Brain and Cognition, 46 : 82-86.

G. Plancher, B. Naegele, V.Guinet, A.Michon, M.Moitié Mathon, P.Colliot (2017). Le ralentissement de la vitesse après un AVC ne suffit pas à expliquer les moindres performances en mémoire de travail : mise en évidence d'un déficit de maintien. 41ème journée de printemps de la Société de Neuropsychologie de Langue Française (SNLF), Grenoble, France.

P.Colliot, M.Masson, E.Robert, F.Alfonsi, G.Michael (2012). Gestion de la charge attentionnelle après un traumatisme cranio-cérébral : implication en conduite automobile. Traumatisme crânien et schizophrénie : perturbations similaires de l'attention sélective. 54ème congrès annuel de la Société Française de Psychologie (SFP). (Montpellier, France)

P.Colliot, E.Bacon, M.Masson, F.Désert, F.Rhein, L.Foubert, I.Offerlin-Meyer, G.Michael (2010). Traumatisme crânien et schizophrénie : perturbations similaires de l'attention sélective. 52ème congrès annuel de la Société Française de Psychologie (SFP). (Lille, France)

M.Masson., C.Marin-Lamellet, P.Colliot and D.Boisson. (2009). Cognitive rehabilitation of traumatic brain injury drivers : a driving simulator approach. 21th World Congress of the International Transportation Medecine Association, The Hague, Netherlands.

M.Masson, P.Colliot, G.A.Michael, J.F.Désert, F.Rhein, L.Foubert (2008) Processus attentionnels et conduite automobile chez les patients traumatisés crâniens. Congrès de Société Française de Psychologie (SFP), (Bordeaux, France).

G.A. Michael, P.Colliot, A.V.Vairet & F.Rhein. (2008). Capture attentionnelle et coopération hémisphérique. Congrès de Société Française de Psychologie (SFP), (Bordeaux, France).

P.Colliot , A.Rio , D.Lamargue, F.Rhein , P.Vassel , P.Bartolomeo & S.Chokron (2004). Référence égocentrique et stratégie d'exploration. 19ème congrès annuel de la SOFMER. (Paris, France).

P.Colliot, S.Chokron, P.Bartolomeo, F.Rhein, E.Eusop, P.Vassel & T.Ohlmann (2002). Performances proprioceptive, visuelle et tactile chez les patients négligents gauche. Journée annuelle du Réseau de Sciences Cognitives d'Ile-de-France (RESCIF). (Paris, France).

P.Colliot, S.Chokron, P.Bartolomeo, F.Rhein, P.Vassel & T.Ohlmann (2002). Intégration des informations sensori-motrices, répartition de l'attention et référence égocentrique : implications pour l'étude de la Négligence Spatiale Unilatérale. 17ème Congrès annuel de la SOFMER. (Perpignan, France).

P.Colliot, S.Chokron, P.Bartolomeo, F.Rhein, E.Eusop, P.Vassel & T.Ohlmann (2001). Apprentissage d'un pointage décalé chez des patients négligents gauche : simulation de l'effet d'adaptation prismatique. Revue de Neuropsychologie (SNLF). (Paris, France).

P.Colliot, S.Chokron, O.Gout & T.Ohlmann (2001). Négligence Spatiale Unilatérale et espace égo-centré. Journée annuelle du Réseau de Sciences Cognitives d'Ile-de-France (RESCIF). La cognition : de l'artificiel au naturel. (Paris, France).

P.Colliot, S.Chokron, P.Bartolomeo & T.Ohlmann (2001). Dissociation entre les performances visuelles, proprioceptives et tactiles chez les patients négligents gauche. Revue Neurologique (Lyon, France).

P.Colliot, P.Bartolomeo, F.Rhein, P.Vassel & S.Chokron (2001). Scanning strategies influence proprioceptive straignt ahead in left neglect patients. International symposium on neural control of space coding and action production. (Lyon, France).

P.Colliot, T.Ohlmann & S.Chokron (2000). Trunk rotation and spatial bias in neglect patients and normal detrals. EuroConference on Cognitive and Neural Bases of Spatial Neglect. (Côme, Italie).

P.Colliot, S.Chokron & T.Ohlmann (2000). Estimation du milieu subjectif et Négligence Spatiale Unilatérale : existe-t-il un biais supramodal ? Revue de Neuropsychologie (SNLF). (Neuchâtel, Suisse).

P.Colliot, S.Chokron & T.Ohlmann (2000). Estimation du milieu subjectif et négligence et référence égocentrique. Actes du VIème Colloque national Junior de Psychopathologie. (Aix/Marseille, France).

P.Colliot, T.Ohlmann & S.Chokron (2000). Biais spatial consécutif à une perturbation posturale chez les sujets normaux. Revue de Neuropsychologie (SNLF). (Paris, France).