Mise à jour le 12 mars 2024
Publié le 27 janvier 2022 Mis à jour le 12 mars 2024

Financement ANR
2011 - 2015
Porté par Didier Le Gall en collaboration avec François Osiurak

La maladie d’Alzheimer (MA) et maladies apparentées entraînent des changements cognitifs qui influent sur les comportements du malade en limitant progressivement les activités et la participation à la vie en société. Cette perte progressive d’autonomie entretient un lien intime avec les troubles praxiques, notamment les troubles d’utilisation d’outils, et interroge le maintien à domicile dès que des difficultés pour interagir de façon sécurisée avec l’environnement technique apparaissent (ex : appareils ménagers, outils de bricolage). Ces troubles d’utilisation d’objets peuvent s’exprimer de façon diverse : « maladresses » lors de la manipulation (ex : saisir le couteau par la lame), utilisation d’un objet pour un autre (ex : utiliser une cuillère pour couper une viande) ou réalisation d’une action au mauvais moment de la séquence (ex : beurrer une tartine sans avoir mis du beurre sur le couteau). Dans cadre, notre projet porte sur la compréhension et l’évaluation des troubles praxiques. En effet, la décision du maintien à domicile ou d’un placement en institution, requièrent l’existence d’épreuves spécifiques et validées, évaluant la nature des troubles et leur sévérité.

Si nous ne contestons pas l’intérêt clinique que peuvent avoir les rares batteries sur l’apraxie (ex : France, Mahieux-Laurent et al., 2009 ; aux Etats-Unis, Raymer, et al., 1992), il n’existe pas, à un niveau national ou international, de batterie permettant l’évaluation spécifique de l’utilisation effective d’outils. Pourtant, cette évaluation de l’utilisation effective d’outils reste la meilleure façon d’examiner les difficultés des malades au domicile (Goldenberg et al., 1998, 2001 ; Le Gall, 1992 ; Osiurak, Jarry, & Le Gall, 2010, 2011).

A partir du modèle théorique de l’utilisation de l’outil que nous avons développé (Le Gall, 1998 ; Osiurak, Jarry, & Le Gall, 2010), nous proposons de reconsidérer la méthode d’évaluation des perturbations chez les malades. Pour ce faire nous construirons un protocole d’examen clinique des troubles de l’utilisation des outils comportant 15 tâches, dont 6 d’utilisation effective, réparties en 6 dimensions correspondant aux différentes composantes de l’activité outillée. 
Ce protocole sera validé auprès d’une population de sujets sains (n=120) et proposé à 3 populations de malades : MA (n=40), démence sémantique (DS) (n=10) et dégénérescence cortico-basale (DCB) (n=10) choisies pour les questions qu’elles posent au problème de l’utilisation des outils. Chaque sujet sera examiné à 2 reprises à un an d’intervalle.

Ce travail clinique vise deux objectifs. Il s’agit d’une part de préciser la nature et la sévérité des troubles praxiques dans la MA et maladies apparentées et, d’autre part, de proposer une batterie d’évaluation des troubles praxiques utilisable en pratique clinique pour faire un diagnostic de qualité, suivre la progression des difficultés et/ou participer à la décision d’un placement en institution.

Le projet, d’une durée de 48 mois, s’appuie sur 3 partenaires très complémentaires (Laboratoire PPI, EA 2646, et CHU, Université d’Angers ; Laboratoire EMC, EA 3082, Université Lyon 2-Lumière) couvrant l’ensemble des dimensions théoriques, méthodologiques et cliniques engagées par la recherche et un réseau de praticiens et de structures ressources impliqués dans la prise en charge de ces malades.

À terme, nous attendons de ce travail une meilleure spécification des troubles de l’utilisation des outils pour les 3 populations d’étude, permettant de proposer, dans la durée d’évolution des pathologies, une clinique différentielle MA-DS-DCB, des éléments de réflexion prospective quant à la prise en charge des patients par exemple en terme d’aménagement ou de conception de logements appropriés ou encore de sécurisation de l’environnement quotidien. Cette prospective est essentielle eu égard aux besoins en habitat adapté, pour les personnes âgées, qui vont apparaître dans les 30 prochaines années (rapport Boulmié, 2009).